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Homélies sur le réveil de Lazare Jn 11,1-45

Aujourd’hui à la suite de l’évangile du 29/3/20  (Jn 11,1-45),
5eme dimanche de Carême année A
Invitation à écouter  l’homélie de Mgr Martin (de St Michel du var)
Sur le réveil de LAZARE:

Et aussi l’homélie du frère André-Jean (de l’abbaye d’encalcat):
www.encalcat.com/5-dimanche-du-careme-a_1088.php
bonne écoute




La présence réelle

une lettre de P. Daniel Duigou retransmise par la ccbf (conférence catholique des baptisés francophone):
Vous pouvez y accéder directement via le lien suivant: https://baptises.fr/content/careme-confinement-presence-reelle

« Vivre de l’Esprit » : c’est ce à quoi nous avons été appelés le jour de notre baptême. Appelé à naître à un nouveau rapport au monde et aux autres, à un changement de paradigme (ou de logiciel) pour un devenir qui ne soit pas une simple répétition du passé. Donc à une nouvelle identité.

Voilà quelques semaines, dans mon nouveau pays, le Maroc, j’ai ressenti une très forte émotion en visitant un centre de formation pour jeunes handicapés dont la vie était pratiquement barrée. Ce centre est le seul existant dans ce pays et remarquable : il donne à ces jeunes un futur. Son nom : Amnougar.  http://www.amnougar.com

Ce centre est situé là où j’habite, dans le Grand Sud, à l’entrée du désert. Plus exactement, à une dizaine de kilomètres en direction de la Mauritanie, accessible seulement par une piste. La Province de Ouarzazate a autorisé la construction de ce centre, là où exista autrefois une mine, avec le grand avantage d’y trouver un puits toujours accessible pour y puiser l’eau : la vie y est possible.

Là, 38 jeunes handicapés légers, garçons et filles, sont pris en charge pour apprendre un métier et, ensuite, vivre de ce métier, c’est-à-dire pour acquérir leur indépendance. Quatre ateliers : couture, menuiserie, ferronnerie, cuisine. À la fin des deux ans de formation, un diplôme et, surtout, du matériel pour commencer leur activité professionnelle.

Alors, dans cette région relativement pauvre où le risque est que les familles abandonnent l’enfant handicapé dans une arrière-cour de la maison en terre, alors, oui, ils sont sauvés !

Une douzaine de personnes en majorité des Marocains encadrent dans un très grand dévouement ces jeunes qui y résident toute l’année …

J’allais oublier : c’est une franciscaine, Francesca, qui, il y a 15 ans, avec quelques autres chrétiens en coopération avec des Marocains, a pris l’initiative de créer ce centre dans le cadre d’une association.

Autrement dit, grâce au don que des hommes et des femmes font de leur temps, de leur travail et de leur patience, ce centre permet de rendre libres des jeunes, de devenir un jour et malgré leur handicap, eux-mêmes, et de trouver le bonheur de vivre !

En revenant de ma visite sur la piste, dans ma voiture me ramenant chez moi, en repensant à tout ce que j’avais vu et entendu, en prenant donc de la distance, une idée m’a traversé l’esprit comme une évidence : ce centre, avec tout ce qu’il implique, est une manifestation de « la présence réelle ».  L’exégète Xavier Léon-Dufour le dit très bien dans son livre Le partage eucharistique selon le Nouveau Testament (paru au Seuil, lire p. 287 à 342) : célébrer l’eucharistie n’a de sens que si celle-ci est reliée à l’amour fraternel vécu dans l’action.

Toujours sur la piste vers ma maison, cette phrase de Jésus m’est revenue à l’esprit : « là où vous serez deux ou trois, je serai ». Cette autre phrase : « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous l’aurez fait ». Enfin cette dernière phrase : « Aimez-vous les uns les autres ».

Dans un regard de foi, dans l’esprit même de l’évangéliste Jean, je me suis dit que, dans ce centre de formation d’Amnougar, ces hommes et ces femmes, jeunes et adultes, au-delà des frontières de langues et de religions, vivent dans le partage la rencontre avec le Ressuscité.

Dans ce cas concret d’un centre de formation en plein désert, il s’agit d’« agir ». Et « agir » c’est « être », c’est « exister » dans l’action, c’est vivre de ce fameux « Esprit » dont on parle si souvent dans nos prêches. C’est « interpréter » la réalité dans tous les sens du verbe, c’est-à-dire « voir », « décoder », mais aussi « transformer » la réalité pour une humanité nouvelle où la justice règnera, pour un réel qu’est, aujourd’hui, au cœur de notre action, déjà, la « résurrection ». Les mots que je mets volontairement entre guillemets prennent alors sens à partir d’une réalité ; dans un regard de foi, ils révèlent et donnent sens à un « réel » dans le concret de la vie….

Dans cette terrible catastrophe sanitaire, lorsque nous voyons la mobilisation et le dévouement exceptionnels des soignants, mais ceux aussi d’autres métiers, lorsque nous voyons aussi la solidarité s’organiser au sein de la population vis-à-vis notamment des plus fragiles, nous pouvons interpréter (décoder) un « réel » qui transforme les acteurs de cette tragédie en leur révélant d’une manière encore plus évidente ce qu’est « l’humain » – ce que nous avions tendance à oublier dans une société dite post-moderne –  un réel qui les sauve en faisant d’eux des hommes et des femmes « vivants » (St Irénée). Ce « réel » me rappelle cette phrase de Paul : « Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ ».

Le confinement impose la fermeture des églises ; je parle des bâtiments. Et alors ? L’ « Église », peuple de Dieu, l’ « Église » née avec Adam (comme le dirent des Pères de l’Église), l’ « Église », cette humanité en marche que décrit si bien l’Apocalypse, est à vivre aujourd’hui dans la solidarité avec les hommes et les femmes du monde entier (relire le texte de la Pentecôte : parler ensemble, mais dans des langues différentes) en faisant face à l’ennemi commun, le Covid-19.

Avec Jésus, en tournant le dos à l’Ancien Testament, il s’agit de passer ici précisément du culte à la personne. Dans des actes concrets, en vivant de l’ « Esprit » à travers la solidarité, c’est vivre « l’Incarnation ». L’important ce n’est pas d’abord les prières, les cantiques et les incantations plus ou moins magiques, c’est exprimer une parole qui s’appuie sur des actes (« le Verbe s’est fait chair ») et leur donne sens.

Autrement dit, il ne s’agit pas que les chrétiens restent muets et s’enferment pas dans le culte ; mais qu’ils trouvent là où ils peuvent être entendues les mots d’aujourd’hui, les mots pouvant être compris par tous les hommes et toutes les femmes au-delà des différentes frontières qui les séparent, les mots qui disent ce « réel » de l’espérance en un Dieu, en ce Dieu de Jésus le Christ qui passe par l’autre (Paul Ricœur) dans des actes d’amour et de fraternité. En ce Dieu qui transforme le monde en ouvrant de nouveaux chemins d’humanité et sauve l’homme en lui permettant de devenir lui-même !

Autrement dit, en prononçant les mots révélant dans ses actes une Église prophétique qui annonce à tous la bonne nouvelle, celle de l’Espérance.

Comme il est dit dans la Genèse, c’est la parole qui crée le futur possible. Nous sommes au commencement.

Que les communautés « porte-paroles » du peuple de Dieu se mettre à l’écoute du monde, entendent « le cri des sangs » (une expression dans la Genèse lorsqu’Abel est assassiné par Caïn, comme nombre d’hommes et de femmes aujourd’hui le sont par le Covid-19), et prennent la parole pour permettre à chacun et chacune, croyants ou non-croyants, de « lire » dans les événements – c’est-à-dire de « comprendre » à travers eux – que l’amour en acte aura le dernier mot. À l’image d’ailleurs du pape François qui, récemment, a choisi un langage universel pour s’exprimer, en sortant du Vatican et en allant à la rencontre des gens dans les rues de Rome.

« L’eucharistie est, par nature, un acte contestataire », précise dans son livre déjà cité Xavier Léon-Dufour ( 342). Ce « langage », comme il le dit à propos de l’eucharistie, nous renvoie à des actes remettant en cause un ordre injuste – Dieu conteste cet ordre – et, en même temps, préfigure un ordre nouveau, la « Jérusalem céleste ».

Selon l’évangéliste Jean, lors de son « Adieu », Jésus a dit à ses disciples qu’il leur enverrait l’ « Esprit de vérité ». En agissant dans l’ « Esprit », c’est-à-dire en nous nourrissant du « pain de vie » qui est le partage, ne contestons-nous pas fondamentalement une organisation mondiale politique et économique qui, face au Covid-19, se révèle fatale à l’Homme, à ce qui est profondément « humain », dans son devenir ?

Encore une fois, il s’agit de vivre un commencement (une genèse).

Aujourd’hui, plus que jamais, l’amour porte le nom de fraternité.

Daniel Duigou, auteur de Jésus, un homme libre, publié aux Presses de la Renaissance




Sunrise mass

Jacqueline nous écrit:

Ce matin je suis avec vous avec cette magnifique messe d’un compositeur contemporain norvégien Ola Gjeilo : Sunrise mass

Je chante dans  un chœur d’une centaine de choristes de toute l’Occitanie qui se retrouvent(aient) un dimanche tous les 2 mois pour travailler ensemble cette œuvre et la donner en concert fin 2021. Pour moi c’est toujours un moment de grand bonheur  et en ces temps difficiles un grand moment d’espérance, comme rajoutait  hier Françoise au texte de  Pierre Alain Lejeune  « il n’y a pas de jour sans nuit »

 « Sunrise mass » C’est le lever du soleil : elle commence très doucement par le kyrie (le lever du jour) et commence à exploser avec le gloria quand le soleil sort ….   Elle dure environ 35/40mn

Voici le lien vers un enregistrement

Sur https://youtu.be/8YpI9UQEi1A




Homélie du pape 27/3

Ghislaine a écrit:

Cher amis, Avec vous tous encore ce matin et pour ceux qui ne l’ont pas vu, voici ces images et ces paroles impressionnantes du pape à Rome sous la pluie dans un Vatican déserté. C’est beau et inspirant. Humilité et compassion… Prières et souhaits pour tous ceux qui souffrent.

https://youtu.be/JgEBdOO6Juk

La suite avec le texte de l’homélie: 

« Le soir venu » (Mc 4, 35). Ainsi commence l’Evangile que nous avons écouté. Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Evangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous apercevons que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble.

Il est facile de nous retrouver dans ce récit. Ce qui est difficile, c’est de comprendre le comportement de Jésus. Alors que les disciples sont naturellement inquiets et désespérés, il est à l’arrière, à l’endroit de la barque qui coulera en premier. Et que fait-il ? Malgré tout le bruit, il dort serein, confiant dans le Père – c’est la seule fois où, dans l’Evangile, nous voyons Jésus dormir –. Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent et les eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » (v. 40).

Cherchons à comprendre. En quoi consiste le manque de foi de la part des disciples, qui s’oppose à la confiance de Jésus ? Ils n’avaient pas cessé de croire en lui. En effet, ils l’invoquent. Mais voyons comment ils l’invoquent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » (v. 38). Cela ne te fait rien : ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux. Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait le plus mal, c’est quand nous nous entendons dire : “Tu ne te soucies pas de moi ?”. C’est une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples découragés.

La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. Elle nous démontre comment nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’“emballer” et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives d’anesthésier avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.

À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos “ego” toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères.

« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». Seigneur, ce soir, ta Parole nous touche et nous concerne tous. Dans notre monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : “Réveille-toi Seigneur !”.

« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». Seigneur, tu nous adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant à croire que tu existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi. Durant ce Carême, ton appel urgent résonne : “Convertissez-vous”, « Revenez à moi de tout votre coeur » (Jl 2, 12). Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons voir de nombreux compagnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en donnant leur vie. C’est la force agissante de l’Esprit déversée et transformée en courageux et généreux dévouements. C’est la vie de l’Esprit capable de racheter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul. Face à la souffrance, où se mesure le vrai développement de nos peuples, nous découvrons et nous expérimentons la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insufflent l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la coresponsabilité ! Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant les regards et en stimulant la prière ! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous. La prière et le service discret : ce sont nos armes gagnantes !

« Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.

Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage. Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix, nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de son amour rédempteur. Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses, écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à nos côtés. Le Seigneur nous exhorte de sa croix à retrouver la vie qui nous attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à renforcer, reconnaître et stimuler la grâce qui nous habite. N’éteignons pas la flamme qui faiblit (cf. Is 42, 3) qui ne s’altère jamais, et laissons-la rallumer l’espérance.

Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent, en abandonnant un moment notre soif de toute puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité. Par sa croix, nous avons été sauvés pour accueillir l’espérance et permettre que ce soit elle qui renforce et soutienne toutes les mesures et toutes les pistes possibles qui puissent aider à nous préserver et à sauvegarder. Étreindre le Seigneur pour embrasser l’espérance, voilà la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espérance.

« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Chers frères et sœurs, de ce lieu, qui raconte la foi, solide comme le roc, de Pierre, je voudrais ce soir vous confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple, étoile de la mer dans la tempête. Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux cœurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête. Redis encore : « N’ayez pas peur » (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, “nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous” (cf. 1P 5, 7).

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Tout s’est arrêté et après ?

Michèle G vous communique un message écrit par Pierre Alain LEJEUNE, prêtre à Bordeaux:
« Et tout s’est arrêté…
Ce monde lancé comme un bolide dans sa course folle, ce monde dont nous savions tous qu’il courait à sa perte mais dont personne ne trouvait le bouton « arrêt d’urgence », cette gigantesque machine a soudainement été stoppée net. A cause d’une toute petite bête, un tout petit parasite invisible à l’œil nu, un petit virus de rien du tout… Quelle ironie ! Et nous voilà contraints à ne plus bouger et à ne plus rien faire. Mais que va t-il se passer après ? Lorsque le monde va reprendre sa marche ; après, lorsque la vilaine petite bête aura été vaincue ? A quoi ressemblera notre vie après ?

Après ?
Nous souvenant de ce que nous aurons vécu dans ce long confinement, nous déciderons d’un jour dans la semaine où nous cesserons de travailler car nous aurons redécouvert comme il est bon de s’arrêter ; un long jour pour goûter le temps qui passe et les autres qui nous entourent. Et nous appellerons cela le dimanche.
Après ?
Ceux qui habiteront sous le même toit, passeront au moins 3 soirées par semaine ensemble, à jouer, à parler, à prendre soin les uns des autres et aussi à téléphoner à papy qui vit seul de l’autre côté de la ville ou aux cousins qui sont loin. Et nous appellerons cela la famille.
Après ?
Nous écrirons dans la Constitution qu’on ne peut pas tout acheter, qu’il faut faire la différence entre besoin et caprice, entre désir et convoitise ; qu’un arbre a besoin de temps pour pousser et que le temps qui prend son temps est une bonne chose. Que l’homme n’a jamais été et ne sera jamais tout-puissant et que cette limite, cette fragilité inscrite au fond de son être est une bénédiction puisqu’elle est la condition de possibilité de tout amour. Et nous appellerons cela la sagesse.
Après ?
Nous applaudirons chaque jour, pas seulement le personnel médical à 20h mais aussi les éboueurs à 6h, les postiers à 7h, les boulangers à 8h, les chauffeurs de bus à 9h, les élus à 10h et ainsi de suite. Oui, j’ai bien écrit les élus, car dans cette longue traversée du désert, nous aurons redécouvert le sens du service de l’Etat, du dévouement et du Bien Commun. Nous applaudirons toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont au service de leur prochain. Et nous appellerons cela la gratitude.
Après ?
Nous déciderons de ne plus nous énerver dans la file d’attente devant les magasins et de profiter de ce temps pour parler aux personnes qui comme nous, attendent leur tour. Parce que nous aurons redécouvert que le temps ne nous appartient pas ; que Celui qui nous l’a donné ne nous a rien fait payer et que décidément, non, le temps ce n’est pas de l’argent ! Le temps c’est un don à recevoir et chaque minute un cadeau à goûter. Et nous appellerons cela la patience.
Après ?
Nous pourrons décider de transformer tous les groupes WhatsApp créés entre voisins pendant cette longue épreuve, en groupes réels, de dîners partagés, de nouvelles échangées, d’entraide pour aller faire les courses où amener les enfants à l’école. Et nous appellerons cela la fraternité.
Après ?
Nous rirons en pensant à avant, lorsque nous étions tombés dans l’esclavage d’une machine financière que nous avions nous-mêmes créée, cette poigne despotique broyant des vies humaines et saccageant la planète. Après, nous remettrons l’homme au centre de tout parce qu’aucune vie ne mérite d’être sacrifiée au nom d’un système, quel qu’il soit. Et nous appellerons cela la justice.
Après ?
Nous nous souviendrons que ce virus s’est transmis entre nous sans faire de distinction de couleur de peau, de culture, de niveau de revenu ou de religion. Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine. Simplement parce que nous sommes humains. Et de cela nous aurons appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons aussi nous transmettre le meilleur. Simplement parce que nous sommes humains. Et nous appellerons cela l’humanité.
Après ?
Dans nos maisons, dans nos familles, il y aura de nombreuses chaises vides et nous pleurerons celles et ceux qui ne verront jamais cet après. Mais ce que nous aurons vécu aura été si douloureux et si intense à la fois que nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion plus forte que la distance géographique. Et nous saurons que ce lien qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps ; que ce lien passe la mort. Et ce lien entre nous qui unit ce côté-ci et l’autre de la rue, ce côté-ci et l’autre de la mort, ce côté-ci et l’autre de la vie, nous l’appellerons Dieu.
Après ?
Après ce sera différent d’avant mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent. Il nous faut consentir à cette autre mort qui se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort physique. Car il n’y a pas de résurrection sans passion, pas de vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour dire cela, pour dire cette lente transformation de nous qui s’accomplit au cœur de l’épreuve, cette longue gestation de nous-mêmes, pour dire cela, il n’existe pas de mot. »
Je rajoute  » il n’y a pas de jour sans nuit  » 
Il dit qu’il n’existe pas de mot mais le mot existe c’est une « renaissance », une « Pâque » qui veut dire passage (ou une nouvelle alliance)



Chants orthodoxes

Marie Hélène nous met en lien avec prière et chant, des offices orthodoxes avec des chants splendides et en français tous les jours matines et vêpres
https://www.seminaria.fr/Diffusion-en-direct-des-celebrations-orthodoxes-du-Grand-Careme_a1239.htm



Médication

Alain nous écrit :

« Bonjour à vous, Ce matin traversé dès les premiers instants de ‘reliance’ commune, un besoin de verbalisation s’est présenté. C’est pourquoi jusqu’alors muet j’ai voulu traduire en mots ce qui s’est imposé. j’ai donc écrit ce que mon esprit ‘ me dictait’. il me dictait donc « quand tu entres en méditation pourquoi pas ne pas écrire  » j’ai donc écrit …et le mot méditation je l’ai écrit médication. clin d’œil !  Pris comme tel, j’ai traduit spontanément : une méditation vécue ensemble est une sorte de médication pour chacun au lieu précis où il importe.

je suis adepte au ‘rien n’est sans sens’. je me suis donc trouvé ensuite interpellé par les raisons où jusqu’à alors je m’étais tû. S’est imposé une fois de plus ben oui tu es sur plusieurs fronts (ce sont ces mots là qui ont capté mon esprit) mais tes territoires d’opérations sont quand même plus pacifiques, nouveau clin d’œil, en effet je navigue actuellement avec plusieurs associations toutes dirigées vers une des facettes du meilleur de soi.

L’autre facette plus subalterne, vous savez, ces idées dérangeantes et ces récriminations, cette forme d’impuissance larvée et démoralisatrice face à tout ce que les médias nous déversent au quotidien et dont le covid 19 en est aujourd’hui l’apogée. Humble j’ai à être, vertueux de comportement et clairvoyant je dois être. Ce virus de portée mondiale n’est bien sur non dénué d’un sens profond, message à la terre entière …..encore me faut il le débusquer, en saisir la traduction tant pour moi qu’au delà de moi ?

Un aveu à vous faire, l’intellectuel en moi ne baisse jamais la garde – il me faut faire avec – ma seule défense mais primordiale : je dispose de la ressource de n’en être pas dupe.

J’aime à penser que ces mots seront vécus comme un lien solide et nourris d’empathie.

croyez à ma bienveillance qui rejoint la votre.

Merci d’accueillir mes embrassades ‘légales donc de loin’ mais si proches quand même. »




L’année où le Covid 19 a surgi

Cathy nous a transmis cette analyse de Pierre Trigano (kabbaliste, psychanalyste jungien):

« L’année 2020 semble s’agencer comme la montée des périls pour qui a une vision symbolique des évènements qui se succèdent. Et c’est parce qu’il y a montée des périls que je prends la plume pour rendre publique ce genre d’étude que d’habitude je réserve à un cercle privé.

année_où_le covid 19_surgit

Je vous joins une photo des poiriers en fleurs

 




Réflexion pour un confinement

Catherine nous indique ce lien intéressant à écouter,
chaque mardi à 20h30,
un RV avec Delphine Horvilleur, à revoir sur
Avec quelques morceaux d’humour ::
  • « comment sortir d’Égypte et se libérer en temps de confinement »
  • « Faire attention en traversant la mer rouge à garder ses distances »



Symbolique de la prière

Françoise a écrit:

Ce moment tous ensemble le matin nous offre un temps où être entre le rien et le tout, (entre l’alpha et l’omega?), Un temps d’accueil et d’écoute comme le dit le père Dautais

J’ai envie de continuer ce que dit Catherine en détaillant par écrit les explications de Abdennour Bidar sur la symbolique de la prière de l’école soufi présentée par Ibn’Arabi (1165-1240), avec l’interprétation de la gestuelle de la prière, acte conjoint de l’humain et du divin en jeu de miroirs :
Verticalité ou intention d’unification de soi, concentration de l’être, puisant dans le profond de son intériorité, orienté vers le lieu du mystère.
inclination devant ce qui te dépasse, l’être fini que nous sommes interpelle l’infini, l’homme s’incline, Dieu se penche et entend son appel. C’est dans le silence que la conversation commence. Qu’est ce que je peux entendre dans le silence?
prosternation, moment d’extinction de l’ego dans l’humilité de l’être, avec en miroir l’infusion de Dieu et sa manifestation.
A genou index levé, l’homme se relève en position du témoin, moment où cette gestuelle a produit une transformation profonde de l’être priant. Dieu témoigne de sa présence et L’homme témoigne de la présence de Dieu ici et maintenant, moment d’éveil où la réalité s’est transformée. Celui qui était perçu comme absent, transcendant devient présent.

https://youtu.be/B0vFo9u2p9M

Dominique rentre dans une phase de recueillement permanent mais il peut vous lire sur sa tablette… allongé dans son fauteuil ad hoc il ecoute le stabat mater de steffani ou le requiem de Duruflé. Le produit chimique infuse et diffuse, entrainant nausées et fatigue, rougeur et picotement… Beaucoup d’entre vous savent ce que c’est!