1

Une attente active

Catherine, d’un groupe de Paris, nous transmet un texte de Sylvie Germain, qui peut nous aider dans notre prière quotidienne:
« Je suis comme de très nombreux croyants : je n’ai pas reçu d’illumination particulière
et je n’ai pas non plus la grâce d’avoir la foi naïve et inébranlable du charbonnier. Je vis dans l’épais brouillard d’une foi qui se cherche. Je n’entends pas Dieu me parler mais n’en déduis pas pour autant qu’il a renoncé à s’adresser à moi. Il serait trop simple de dire : « Je n’y comprends rien, donc Dieu n’existe pas ». Entre l’athéisme et la foi reste une autre voie : celle de l’attente. Peut-être puis-je avoir l’humilité de reconnaître que je n’y vois pas clair, que je ne suis pas à la hauteur des immenses questions que je me pose. Alors il me faut accepter de vivre une attente active, habitée, patiente. Accepter d’emprunter l’étroit sentier du renoncement à toute certitude. J’attends quelqu’un qui est déjà en moi sous la forme d’un creux. C’est par son absence que Dieu, mystérieusement, se révèle en moi. (…) Un jour, peut-être, le silence finit par atteindre un degré suffisant de pureté pour se mettre à tinter. Il faut apprendre à écouter le silence de Dieu. Sans doute est-ce la seule voie offerte à ceux qui marchent dans la nuit. Les plus grands mystiques, Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux ont tous fait cette expérience de « l’aphasie » de Dieu. Dans un mouvement de flux et de reflux, la foi oscille constamment entre de brefs et lumineux instants de certitude d’une présence et de longues heures d’obscurité. Si Elie finit par trouver, par entendre Dieu, c’est dans « un souffle de fin silence ». Après quarante jours de désert et de jeûne, Elie « entend » l’inaudible soupir de Dieu… (…) Saint Jean de la Croix a parlé de « la nuit obscure ». René Char a ce très beau vers : «  »J’aime qui m’éblouit puis accentue l’obscur à l’intérieur de moi. » Souvent j’ai l’impression d’être dans l’entre-deux de Pâques : ce n’est plus tout à fait le Vendredi saint mais ce n’est pas encore la Résurrection. Je suis un peu comme les pèlerins d’Emmaüs : à la seconde où, enfin, ils reconnaissent le Christ, celui-ci disparaît. Il est toujours ailleurs, et nous toujours en retard. »